Avertissements :
  • Les informations contenues dans cette page sont des propositions destinées aux enseignants.
    Leur usage reste sous la responsabilité du pratiquant.

  • Il est rappelé que l'Aïkido comporte des risques et qu'il ne doit être pratiqué que sous la conduite d'un enseignant habilité.

    Cette page propose des réponses, parmi d'autres, à un questionnement fréquent des débutants et les dessins sont délibérément réalisés dans ce but.
     
    Il appartient à chaque enseignant de les reformuler à travers les spécificités de son école et le style de son enseignement.
     
    Cette page est un premier jet, elle est appelée à évoluer.

  • Les notions d'IRIMI / TENKAN et d'OMOTE / URA

     
    Des conventions terminologiques ? une nécessité
     
    Comme vu dans un autre article ("TaiSabaki et IrimiTenkan"), le terme d'"Irimi Tenkan" est d'un usage particulièrement délicat, puisque, lorsque ces deux mots sont assemblés, ils désignent un déplacement (avancée du pied avant puis pivot sans changement de garde), mais s'ils sont séparés, ils désignent (pour certaines attaques et pour certaines techniques) une alternative, un choix inital auquel est confronté Tori.
     
    Pour recourir à des analogies,
  • Irimi consiste à "ouvrir la porte pour entrer" et Tenkan à "ouvrir la porte pour s'effacer".
    Donc, pour clarifier le vocabulaire, rien n'empêcherait d'utiliser le terme "ouvertures" pour désigner Irimi et Tenkan, puisque ce mot associe la référence à la porte et l'idée de choix initial.
     
  • ...Alors que Omote consiste à "submerger" et Ura à "contourner".
    (En marge de l'Aikido, d'autres arts martiaux utilisent ces termes : ainsi, au sabre, "UraGote" [= "Ura + Kote"] est un mouvement de l'arme qui consiste à contourner les mains du partenaire pour prendre son poignet droit à revers).
     
    Et, pour aborder la question "selon l'autre point de vue",
  • Tenkan et Ura sont des esquives par pivot sur le pied avant,
  • Mais l'"effacement" suppose que le pivot de la rotation est Tori lui-même, alors que, pour le "contournement", le pivot est Uke.

     
    Des exclusives qui se combinent
     
    Irimi et Tenkan sont exclusifs l'un de l'autre. De même pour Omote et Ura.
     
    Il s'agit donc d'une paire d'alternatives qui peuvent se combiner, afin de répondre de la manière la plus efficace aux paramètres de l'attaque. On peut proposer (mais cela se discute) que le choix de l'"ouverture" dépend du dynamisme de l'attaque (que Tori peut percevoir d'emblée), alors que le choix de la "forme" dépend de la vigueur de cette attaque (...que Tori constatera ensuite).
     
    En application du principe "7 + 3 = 10, 6 + 4 = 10 etc." (1) et en supposant que les attaques sont classées par dynamisme et vigueur croissants, ces combinaisons pourraient être classées : Irimi - Omote,Irimi - Ura, Tenkan - Omote, Tenkan - Ura. C'est dans cet ordre qu'elles seront présentées ci-dessous.
     

    Exemple : KatateDori Ikkyo
     
    Il serait logique que les techniques soient nommées en suivant l'ordre chronologique de son déroulement, le premier terme étant donc l'"ouverture" Irimi ou Tenkan.
     
    Remarque : Cette technique n'est présentée que comme un support. La décrire sortirait du sujet de cet article. Les phases finales (immobilisations) ne sont pas présentées. Les versions présentées ici sont reconnues par au moins une des deux fédérations.
     



    Fig. - 1a : Saisie
    Fig. - 1b : Atemi afin de déséquilibrer Uke vers l'arrière/extérieur. Certaines écoles ne pratiquent pas l'Atemi, qui est réduit à un balayage de protection.
     
    Au niveau des pieds, Tori amorce son changement de garde.
     
    Il s'agit ici de la version où Tori reste sur "la ligne".
     
    Dans une autre version Tori pratique l'Atemi tout en effectuant un TaiSabaki vers le "côté vivant" d'Uke, l'entrainant dans un mouvement centrifuge.
    Fig. - 1c : Tori termine son changement de garde par une prise d'angle (variable selon les écoles, environ 45°) vers le "côté mort" d'Uke.
     
    Brossage du biceps d'Uke, afin d'accentuer le déséquilibre tout en provoquant un réflexe de pliage du coude (en effet ici, contrairement au cas d'un Aihanmi KatateDori, rien n'empêche Uke de saisir bras tendu, ce qui rendrait la suite de la technique plus difficile).
    Fig. - 1d : Rotation en 3/4 de cercle de la main saisie, ce qui provoque un basculement d'Uke vers l'arrière/intérieur, et un desserrement de sa saisie.
     
    Tori glisse les doigts de sa main libre dans le vide ainsi créé. (attention : il ne s'agit pas d'un arrachement de la main d'Uke, mais d'un placement des doigts comme un "coin", qui accentuera l'onde de choc dans le bras d'Uke : ainsi celui-ci lâchera naturellement le poignet de Tori.
    Fig. - 1e : etc.


    Fig. - 2a : Saisie.
     

    Fig. - 2b : Brossage avec prise d'angle vers l'extérieur.
     
    L'angle est plus accentué que pour Omote, pour faciliter le contournement à effectuer.




    Fig. - 2c : Même mouvement des mains que pour Omote (compte-tenu du fait que l'angle pris est plus accentué).

    Fig. - 2d : Tori contourne Uke grâce à un vaste TaiSabaki, et saisit son coude. Son pied droit prend appui vers l'arrière, pour préparer la suite de la rotation.
     
    La version dessinée correspond à celle où le pied gauche de Tori vient derrière le pied droit d'Uke (alors que, dans une autre version, le pied de Tori est placé à côté de celui d'Uke, dans ce cas, il n'y a pas de 2ème rotation).

    Fig. - 2e : Du fait du placement des pieds, la rotation imprimée est très ample.
     
    Du coup, Uke doit anticiper la rotation en estimant l'emplacement du point d'appui nécessaire.

    Fig. - 2f : Poursuite de la rotation, etc.



    Fig. - 3a : Saisie.

    Fig. - 3b : Tori effectue un IrimiTenkan à 180 °. La position "paume vers le haut" (version dessinée) indique que Tori a effectué le mouvement rotatif de son bras gauche dans un plan vertical (ainsi, pour ne pas lâcher le poignet de Tori, Uke est contraint de fléchir les genoux, et descendre sur ses appuis).
     
    Certaines écoles dénomment "Taeno Henko" cette combinaison de l'IrimiTenkan (pour le bas du corps) et de ce mouvement des bras.
     
    Une autre version consiste, pour Tori, à placer la trajectoire de son bras sous celle du bras d'Uke. Dans ce cas la rotation du bras s'effectue dans un plan horizontal et la position finale de sa main est "paume vers le bas".

    Fig. - 3c : Rotation de la main de Tori (3/4 de cercle si départ "paume vers le haut", 1/4 si départ "paume vers le bas").
     
    Uke est contraint de poursuivre son mouvement centrifuge (pour éviter de lâcher le poignet de Tori).
     
    Au niveau du travail des mains : idem 1d

    Fig. - 3d : etc.



    Fig. - 4a : Saisie.

    Fig. - 4b : IrimiTenkan à 180°, identique à celui de Tenkan - Omote.

    Fig. - 4c : Tori glisse ses doigts comme pour Omote.
     
    Mais il synchronise différemment le mouvement de ses jambes : Il doit faire rapidement un changement de garde afin d'anticiper sur le TaiSabaki (légère prise d'angle possible).

    Fig. - 4d : Tori contourne Uke grâce à un TaiSabaki (donc, durant 4c et 4d : double changement de garde.
     
    Au cas où, au point précédent,Tori n'aurait pas eu le temps d'effectuer le premier changement de garde (cf. 4c), il ne peut plus faire de TaiSabaki. Il peut toutefois tenter une prise d'angle simple, pour se retrouver dans la même position.
     
    Mais la comparaison des deux procédés démontre que le TaiSabaki permet un ancrage bien plus efficace pour la rotation qui suit.

    Fig. - 4e : Identique à l'Irimi Ura (cf 2e)

    Fig. - 4f : Identique à l'Irimi Ura (cf 2f).

     
    Peut-on généraliser ?
     
    Au delà de l'exemple de KatateDori Ikkyo, quelles sont les autres techniques concernées par cette classification ?
     
  • D'une part cela dépend des types d'attaque : Les saisies faites en GyakuHanmi (KatateDori, KataDori, RyoteDori, KataDori MenUchi) sont en principe des situations favorables aux quatre combinaisons (à discuter pour KataDori, en raison de la proximité de Tori et Uke).
     
    Le KataDori MenUchi est un cas particulièrement intéressant car, en tant que "technique double", il rajoute un niveau à la combinaison : Les immobilisations pouvant théoriquement se pratiquer sur le bras du MenUchi ou sur celui du KataDori, il y aurait huit possibilités pour chaque technique (mais attention : toutes ne sont pas "académiques", et en fonction de l'immobilisation à réaliser, certaines sont nettement plus favorables que d'autres).
     
  • Par ailleurs, concernant les projections, certaines techniques se prêtent mieux que d'autres à la combinaison : ainsi la plupart des UchiKaitenNage.
     
    Mais, pour les ShinoNage, Irimi et Omote se confondent. De même Tenkan et Ura.
     
    Les KoteGaeshi peuvent être considérés, globalement comme des Tenkan - Omote par nature (mais le cas particulier préconisé pour le RyoteDori est un contre-exemple).
     
    Les IrimiNage, comme leur nom l'indique, ne peuvent pas avoir de forme Tenkan (cependant certaines écoles différencient nettement une forme très directe (alors nommée "Omote") et la forme Ura, qui est celle préconisée par les fédérations sans préciser s'il s'agit d'Omote ou d'Ura.
     
  • Par ailleurs, ce qu'il est couramment convenu d'appeler KatateDori (ou RyoteDori) "TenchiNage Ura" est en fait un exemple très probant de Tenkan - Irimi. Ceci dit, certaines écoles proposent des versions (plus "contournantes") qui se rapprochent effectivement de la notion d'Ura.
     
  • Une classification générale ?... vaste chantier !
    Récapitulatif

    les numéros sont cliquables
    Ouvertures
    Formes
    Irimi
    Tenkan
    Omote
    1
    3
    Ura
    2
    4

     
    Note
  • (1) Le "principe de Ogen" est détaillé, entre autres, dans un ouvrage de J-D Cauhepe et A. Kuang
    Voici la citation :
    " Tant que votre partenaire émettra une certaine énergie, vous devrez également en produire, afin d'équilibrer l'ensemble, votre partenaire et vous-même formant une unité, un T'ai-K'i. [...] Vous appliquerez ce que préconisait Me Kiichi Ogen. Cet expert du XIIème siècle enseignait qu'il fallait répondre à une attaque par une force complémentaire. A la puissance doit concorder l'esquive dans la souplesse tandis qu'à l'hésitation et à la faiblesse doivent correspondre la décision et l'engagement, soit son célèbre tableau :
    5 + 5 = 10
    6 + 4 = 10
    1 + 9 = 10
    3 + 7 = 10
    2 + 8 = 10
    Alors que la majorité des Budo demeure liée à un système féodal basé sur la ruse et la puissance musculaire, en d'autres termes sur un esprit de destruction ou de domination du type :
    7 - 3 = 4
    6 - 4 = 2
    A l'inverse le T'ai-Ki K'iuan, le Judo traditionnel et l'Aikido sont régis par l'idéal de Me Ogen et recherchent :
    7 + 3 = 10
    6 + 4 = 10
    L'action de l'un plus celle de l'autre forment l'harmonie . (Cf. P. Warcollier. Les Cahiers du Budo)."

    Extrait de "Le jeu des énergies dans la pratique de l'Aikido" (Ed. Trédaniel).

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    Crédits : Un grand merci à Georges Derid (3eme Dan et BE1) d'avoir bien voulu guider ce travail.
    Dessins et texte : © Mu. Dépôt IDDN : IDDN.FR.010.0117613.000.R.P.2012.035.42000.
     
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